Tango Secret


07/01/2020


A l’intérieur de l’album, une phrase de Jorge Luis Borges résume la situation :
« Nous pouvons discuter le tango et nous le discutons, mais il renferme, comme tout ce qui est authentique, un secret. »
Celui que pratiquent ici Céline Bishop (piano) et Luis Rigou (voix, flûtes), au milieu d’un efficace petit orchestre (guitare, bandonéon, contrebasse… ), est une invitation à la mélancolie, à la danse et à l’amour – même quand c’est pour lui dire adieu.

Grégoire Leménager

Tango Secret

07/01/2020


Ancien flûtiste du Cuarteto Cedrón, l’Argentin Luis Rigou s’est fait connaître à l’international (soixante disques d’or) sous le nom de Diego Modena, en jouant de l’ocarina à la sauce variète world des années 90. Il est resté fidèle à ses flûtes (droite, andine, traversière), mais on lui découvre aujourd’hui une voix à la patine émouvante, gorgée de la nostalgie de ses années protègnes et délicatement vieillie par trente années d’exil.

Avec la pianiste Céline Bishop et leur escorte hétéroclite (saxo, bandonéon, piano Fender Rhodes…), le chanteur et musicien revient ainsi aux sources du tango, moins pour exalter la virilité des gauchos d’antan, qui maniaient le couteau et le mot doux avec l’esprit canaille des faubourgs de Buenos Aires, que pour retrouver la spontanéité des premiers bals populaires. Déterrant tangos canciones aux accents primesautiers et milongas oubliées, il en souligne la nostalgie sans apprêt. S’approprie également des standards sud-américains, telles une célèbre complainte de Simon Díaz (Tonada de la Luna Llena), une milonga déchirante d’Atahualpa Yupanqui, ou la fameuse Que nadie sepa mi suffrir, Angel Cabral (devenu La Foule par Edith Piaf).
Le tout résonne avec tendresse, comme le profond soupir d’un petit peuple aux passions éreintées.
Anne Berthod   

Maíz : le somptueux voyage


Novembre 1997


…La musique du groupe est rigoureuse, magnifique, généreuse et élégante, à l’image de celui qui en est le fondateur, le compositeur, le principal soliste, bref, l’âme de Maiz : L’Argentin Luis Rigou. S’il est surtout connu et apprécié comme flûtiste virtuose, Luis est un artiste ambivalent, musicien ethnique, ambassadeur itinérant des traditions d’Amérique Latine qu’il maîtrise parfaitement, et un remarquable théoricien des musiques du monde, du classique ou du jazz…

Vicente Pradal

Les Archanges, un oratorio argentin



« Les Archanges » : sous ce titre, trente choristes, trois musiciens argentins et un comédien témoignent de leur admiration pour l’homme qui a fait rêver trois continents.

L’épopée des pionniers de l’aéropostale n’en finit pas d’inspirer toutes sortes d’œuvres. Articles, livres, tableaux d’artistes se sont multipliés sur ce thème au cours du siècle dernier. C’est au tour des musiciens de s’emparer de cette légende. Mais surtout de l’image de Mermoz, surnommé «l’archange» dont les exploits ont laissé de profondes traces aussi bien en France, qu’en Afrique et en Amérique latine. Si Mermoz avait l’étoffe d’un héros, c’était aussi un homme, qui ne refusait ni la peur ni les plaisirs. C’est à cet homme-là (et à travers lui tous les pionniers de l’époque) que le musicien argentin Luis Rigou et le Trio Azul ont voulu rendre hommage, sous forme d’un oratorio pour récitant (le comédien Alain Bauguil), percussions et piano (Javier Estrella), flûtes (Luis Rigou lui-même) et chœur (le «grupo azul vocal» dirigé par le chef d’orchestre Sergio Piterbarg).

L’œuvre puise ses sources dans le répertoire des danses et chants populaires de Buenos Aires, sans se priver de l’influence du jazz et du classique.

«On trouve dans cette musique des accents de Bartok et de Stravinski, et des couleurs de Francis Poulenc», note Sergio Piterbarg. Passant de Debussy à Piazzola, la pièce musicale et ses ponctuations parlées et chantées, racontent l’aventure et la vie de ces pilotes «qui sont de la même famille que les poètes, les toreros, les bâtisseurs de cathédrale».

Chanter les pionniers de «La Ligne» dans une région qui les vénère est un plaisir que le chef de chœur argentin souligne : «Mermoz constitue un lien très fort entre nos deux pays : un lien que le pilote a établi avec son avion de Toulouse à Buenos Aires, et que nous nous perpétuons aujourd’hui par la musique et le chant».

Un reconnaissance partagée avec enthousiasme par Patrick Baudry, spectateur attentif de trois des dix représentations déjà données dans la région.

«Les Archanges» devrait connaître sa consécration dimanche à Odyssud à Blagnac.

Alberto Manguel – Festival Lettres d’Automne



Alberto Manguel vit dans le Poitou au milieu de la nature et de son impressionnante collection de livres, quelque 30.000 œuvres. Il écrit, il lit surtout ; des livres qui le choisissent plus qu’il ne les choisit lui-même, comme il dit. En 1998 il a obtenu le prix Médicis pour « Une histoire de la lecture » qui a connu un succès mondial. Ce fils de diplomate argentin né à Buenos Aires en 1948 a la littérature joyeuse. Et la fait partager en ce moment dans le cadre du Festival Lettres d’automne organisé en Tarn-et-Garonne et qui rayonne jusque dans le Gers. Demain, à Auch, il interprétera certains de ses textes, en compagnie de la journaliste et écrivaine Michèle Gazier, de Maurice Petit, comédien et créateur de ce festival. Luis Rigou, argentin lui aussi, qui a découvert seul toutes les sortes de flûtes andines, détenteur de 37 disques d’or, a joué avec le Quarteto Cedron, travaillé pour Lluis Llach, enregistré avec Jean Ferrat, participé au Llanto de F. G. Lorca, composé des musiques de films, etc., accompagnera ce festival de textes dont certains seront lus en espagnol, en anglais, traduits en français. « Manguel dans le texte ».