2022 – Luis Rigou et La Chimera

Michel Jakubowicz

Concert : La Chimera fête ses vingt ans à la Salle Gaveau

(Extrait)

La seconde partie s’orientait très nettement vers le XXe siècle et le XXIe siècle avec des compositeurs comme Leon Gieco, Romolo Leonardo & Amerigo Marino, Alfredo Le Pera & Carlos Gardel, Antonio Carlos Jobim, Enrique Cadicamo & Anibal Troilo, José Luis Aguirre, Daniel Reguera, Pedros Laurenz & José Maria Contursi et Violeta Parra. Cette dernière partie du concert permettait d’explorer l’Amérique du Sud avec des incursions dans le monde des Incas, du Brésil et de l’Argentine.

Dans ce concert, les voix féminines tiennent le haut du pavé avec des personnalités telles que Barbara Kusa, Céline Scheen, Susanna Moncayo, Maria Rewerski. Mais du côté des voix masculines, on remarquera la basse Nicolas Brooymans et surtout Luis Rigou, à la fois chanteur et phénoménal instrumentiste, usant avec une facilité déconcertante de différentes flûtes andines. Grand moment dans ce concert avec l’apparition du grand chef baroque Gabriel Garrido, dirigeant la Chimera dans Monteverdi. Gros succès de l’ensemble des forces musicales (La Chimera et le Chœur Mélanges sous la direction d’Ariel Alonso) qui termineront ce concert avec un air bien connu en Argentine : Gracias a la Vida de Violeta Parra, devenu une sorte d’hymne national argentin, symbolisant la lutte du peuple contre la dictature militaire sévissant en Argentine au début des années quatre-vingt-dix.

Un concert-anniversaire qui passe sans encombre du baroque à la musique populaire sud-américaine, dirigé avec maestria par Eduardo Egüez.

Tango Secret


07/01/2020


A l’intérieur de l’album, une phrase de Jorge Luis Borges résume la situation :
« Nous pouvons discuter le tango et nous le discutons, mais il renferme, comme tout ce qui est authentique, un secret. »
Celui que pratiquent ici Céline Bishop (piano) et Luis Rigou (voix, flûtes), au milieu d’un efficace petit orchestre (guitare, bandonéon, contrebasse… ), est une invitation à la mélancolie, à la danse et à l’amour – même quand c’est pour lui dire adieu.

Grégoire Leménager

Tango Secret

07/01/2020


Ancien flûtiste du Cuarteto Cedrón, l’Argentin Luis Rigou s’est fait connaître à l’international (soixante disques d’or) sous le nom de Diego Modena, en jouant de l’ocarina à la sauce variète world des années 90. Il est resté fidèle à ses flûtes (droite, andine, traversière), mais on lui découvre aujourd’hui une voix à la patine émouvante, gorgée de la nostalgie de ses années protègnes et délicatement vieillie par trente années d’exil.

Avec la pianiste Céline Bishop et leur escorte hétéroclite (saxo, bandonéon, piano Fender Rhodes…), le chanteur et musicien revient ainsi aux sources du tango, moins pour exalter la virilité des gauchos d’antan, qui maniaient le couteau et le mot doux avec l’esprit canaille des faubourgs de Buenos Aires, que pour retrouver la spontanéité des premiers bals populaires. Déterrant tangos canciones aux accents primesautiers et milongas oubliées, il en souligne la nostalgie sans apprêt. S’approprie également des standards sud-américains, telles une célèbre complainte de Simon Díaz (Tonada de la Luna Llena), une milonga déchirante d’Atahualpa Yupanqui, ou la fameuse Que nadie sepa mi suffrir, Angel Cabral (devenu La Foule par Edith Piaf).
Le tout résonne avec tendresse, comme le profond soupir d’un petit peuple aux passions éreintées.
Anne Berthod   

Maíz : le somptueux voyage


Novembre 1997


…La musique du groupe est rigoureuse, magnifique, généreuse et élégante, à l’image de celui qui en est le fondateur, le compositeur, le principal soliste, bref, l’âme de Maiz : L’Argentin Luis Rigou. S’il est surtout connu et apprécié comme flûtiste virtuose, Luis est un artiste ambivalent, musicien ethnique, ambassadeur itinérant des traditions d’Amérique Latine qu’il maîtrise parfaitement, et un remarquable théoricien des musiques du monde, du classique ou du jazz…

Vicente Pradal

Les Archanges, un oratorio argentin



« Les Archanges » : sous ce titre, trente choristes, trois musiciens argentins et un comédien témoignent de leur admiration pour l’homme qui a fait rêver trois continents.

L’épopée des pionniers de l’aéropostale n’en finit pas d’inspirer toutes sortes d’œuvres. Articles, livres, tableaux d’artistes se sont multipliés sur ce thème au cours du siècle dernier. C’est au tour des musiciens de s’emparer de cette légende. Mais surtout de l’image de Mermoz, surnommé «l’archange» dont les exploits ont laissé de profondes traces aussi bien en France, qu’en Afrique et en Amérique latine. Si Mermoz avait l’étoffe d’un héros, c’était aussi un homme, qui ne refusait ni la peur ni les plaisirs. C’est à cet homme-là (et à travers lui tous les pionniers de l’époque) que le musicien argentin Luis Rigou et le Trio Azul ont voulu rendre hommage, sous forme d’un oratorio pour récitant (le comédien Alain Bauguil), percussions et piano (Javier Estrella), flûtes (Luis Rigou lui-même) et chœur (le «grupo azul vocal» dirigé par le chef d’orchestre Sergio Piterbarg).

L’œuvre puise ses sources dans le répertoire des danses et chants populaires de Buenos Aires, sans se priver de l’influence du jazz et du classique.

«On trouve dans cette musique des accents de Bartok et de Stravinski, et des couleurs de Francis Poulenc», note Sergio Piterbarg. Passant de Debussy à Piazzola, la pièce musicale et ses ponctuations parlées et chantées, racontent l’aventure et la vie de ces pilotes «qui sont de la même famille que les poètes, les toreros, les bâtisseurs de cathédrale».

Chanter les pionniers de «La Ligne» dans une région qui les vénère est un plaisir que le chef de chœur argentin souligne : «Mermoz constitue un lien très fort entre nos deux pays : un lien que le pilote a établi avec son avion de Toulouse à Buenos Aires, et que nous nous perpétuons aujourd’hui par la musique et le chant».

Un reconnaissance partagée avec enthousiasme par Patrick Baudry, spectateur attentif de trois des dix représentations déjà données dans la région.

«Les Archanges» devrait connaître sa consécration dimanche à Odyssud à Blagnac.

Alberto Manguel – Festival Lettres d’Automne



Alberto Manguel vit dans le Poitou au milieu de la nature et de son impressionnante collection de livres, quelque 30.000 œuvres. Il écrit, il lit surtout ; des livres qui le choisissent plus qu’il ne les choisit lui-même, comme il dit. En 1998 il a obtenu le prix Médicis pour « Une histoire de la lecture » qui a connu un succès mondial. Ce fils de diplomate argentin né à Buenos Aires en 1948 a la littérature joyeuse. Et la fait partager en ce moment dans le cadre du Festival Lettres d’automne organisé en Tarn-et-Garonne et qui rayonne jusque dans le Gers. Demain, à Auch, il interprétera certains de ses textes, en compagnie de la journaliste et écrivaine Michèle Gazier, de Maurice Petit, comédien et créateur de ce festival. Luis Rigou, argentin lui aussi, qui a découvert seul toutes les sortes de flûtes andines, détenteur de 37 disques d’or, a joué avec le Quarteto Cedron, travaillé pour Lluis Llach, enregistré avec Jean Ferrat, participé au Llanto de F. G. Lorca, composé des musiques de films, etc., accompagnera ce festival de textes dont certains seront lus en espagnol, en anglais, traduits en français. « Manguel dans le texte ».

Vendrá de Noche au TNT



Artiste incontournable sur la scène toulousaine, Vicente Pradal n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer. A peine achève-t-il une création et le voilà déjà parti vers d’autres rêves qu’il s’attache, coûte que coûte, à concrétiser le plus vite possible. Mieux, entre deux créations, il trouve encore le temps de nous inviter à l’un de ces «voyages» poétiques qui donnent, depuis qu’il est tout petit, un sens à sa vie. Ainsi, ce nouveau rendez-vous, «Vendra de noche», qu’il nous propose aujourd’hui au TNT. Un «geste d’amitié pour remercier Jacques Nichet» (NDLR: le directeur des lieux, rappelons-le, passera le relais le 31 décembre) qui lui avait permis de créer le «Llanto por Ignacio Sanchez Mejias» ici-même, dès l’ouverture du théâtre, en novembre 1998. Un spectacle saisissant de beauté, de pureté. «Vendra de noche» est le pari le plus important pour moi, nous avait confié l’artiste à la veille de sa création en octobre 2005. «Parce que c’est un récital, une forme que je n’avais jamais adoptée si ce n’est dans une vie antérieure de guitariste flamenco».

Un casting de rêve

Présenté une première fois dans l’intimité de l’Espace Croix-Baragnon en novembre 2005, puis au Théâtre Sorano en octobre 2006, «Vendra de noche» est un peu le récapitulatif de toutes les créations de Vicente Pradal -»La Nuit obscure», «Le Cantique spirituel», le «Llanto», «Pelleas y Melisanda», le «Romancero gitano»- auxquelles il a ajouté des chansons nées de poèmes d’autres auteurs comme José-Luis Borges, Miguel Hernandez et Miguel de Unamuno. Ici, pour seul décor, la lumière. Et autour du chanteur et compositeur qui, pour l’occasion a abandonné sa guitare: ses deux enfants (Paloma au chant et Rafael au piano), Servane Solana et Gilbert Clamens au chant, Emmanuel Joussemet au violoncelle, Luis Rigou à la flûte et Helene Arntzen au saxophone.